Petit aperçu sonore du concert
« Les danses s'établissent sur la poussière des morts, et les tombeaux poussent sous les pas de la joie » (Chateaubriand)
A travers la voix de leurs héroïnes, les compositeurs que nous avons choisis expriment ce que Christophe André appelle « la proximité du bonheur et du tragique », quand ombre et lumière se mêlent, alternent, se mettent en valeur l'une l'autre.
La lumière traverse le chant des héroïnes amoureuses dans ces instants de suspension du temps où s'expriment la joie ou l'espérance d'un bonheur partagé : transparence, simplicité et innocence célèbrent la croyance en l'immortalité de l'amour, hors des contingences accidentelles de l'humain, comme dans l'ode au bonheur de Fairy Queen de Purcell ou dans la malicieuse naïveté de la Serva padrona de Pergolèse.
Mais quand l'expression de l'amour et du bonheur sert d'issue ou d'antidote à la conscience tragique de notre condition humaine, le chant n'est plus seulement lumineux : il atteint alors à une profondeur d'autant plus dense que la fatalité se fait imminente, comme chez Acis, Eurydice ou Didon.
L'ombre s'installe avec la perte de l'objet aimé, ou parfois avec la simple menace de la perte, faisant irruption au cœur même du bonheur : jalousie, colère, haine ou désir de vengeance transforment la femme amoureuse en furie, bras armé du destin et de la mort. La souffrance rend alors indispensable la perspective de
bonheur, quels que soient les moyens adoptés : l'ombre se met au service de la lumière et lui donne toute sa dimension tragique, comme dans les airs de Drusilla ou de Circée.
Nous donnons voix à ces femmes qui, de Monteverdi à Mozart, en passant par Vivaldi, Purcell ou Haendel, nous parlent de notre humaine condition, en mêlant l'ombre à la lumière, l'aspiration idéale à l'expression des états de leur âme. Nous les faisons dialoguer avec les héroïnes des grandes tragédies de notre histoire littéraire au travers de la lecture d'extraits : les mots font ainsi écho à la musique, nous donnant à entendre les voix qui leur donnent chair
Rencontrer le public, partager avec lui l'émotion des mots nous conduit à proposer aux auditeurs qui le souhaitent de lire à voix haute les textes ponctuant notre parcours musical. Ils deviennent ainsi acteurs, partenaires de jeu en quelque sorte, et contribuent aux côté des artistes à composer une soirée unique, inédite.
PERGOLESE
PURCELL
RACINE
MONTEVERDI
GLUCK
CORNEILLE
CAMPRA
CORNEILLE
CIMAROSA
WEISS
TATE
PURCELL
VIRGILE
LULLY
SHAKESPEARE
VIVALDI
SCHIKANEDER
MOZART
La Serva Padrona, « Stizzozo mio stizzozo »
Fairy Queen, Epithalamium, « Thrice happy lovers »
Andromaque, Monologue d’Hermione, Acte IV, scène 5
Couronnement de Popée, Air de Drusilla « O Felice Drusilla »
Orphée et Eurydice, Air violon seul
Air d'Eurydice, « Fortune ennemie »
Le Cid, Chimène et Elvire, Acte III, scène 3
Le Carnaval de Venise, Air d'Isabelle, « Mes yeux fermez-vous à jamais »
Médée, Acte I, scène 4
Il matrimonio segreto, Air d'Elisetta, « Se son vendicata
contenta »
Tombeau sur la mort de monsieur Cajetan, baron d’Hartigue (harpe seule)
Livret de Didon et Aenée d’après l’Enéide de Virgile
Didon et Aenée, Mort de Didon, « When I am laid »
Enéide, Livre IV, Imprécations de Didon
Amadis, Monologue et déploration d’Oriane
Roméo et Juliette, Acte III, scène 5
« All'ombra di sospetto »
Livret de la Flûte enchantée d’après Wieland, Pamina
Die Zauberflöte, Air de Pamina, « Ach ich fühl's »